(note du vendredi 24 mars 2017)

L’air a fraîchi et le printemps naissant de ces derniers jours a soudainement laissé place aux intempéries. Tu humes l’air humide mais t’arrêtes net au seuil de la porte. Pour t’enhardir et t’inciter à sortir malgré la pluie, je sautille pieds nus dans les flaques d’eau. La possibilité d’étrenner ton petit ciré rouge te décide à me rejoindre et, en bon moussaillon, tu affrontes les éléments avec vaillance et ravissement. Bravant le froid, les bourrasques et les averses, à califourchon sur ton minuscule vélocipède en plastique, tu zigzagues en tous sens dans la courette. De temps à autre, tu marques une pause pour lever le nez et observer le ciel, les nuages, puis l’eau qui ruisselle dans le feuillage de l’olivier, le sillage dessiné par tes roues sur le béton trempé, tes orteils rougis barbotant dans l’eau glacée. Une bonne demi-heure s’écoule ainsi. Anticipant le moment où le froid saisirait tes côtes, je te presse de rentrer, te débarrasse de tes vêtements trempés, te réchauffe sous une douche puis te masse longuement avec de l’huile parfumée jusqu’à ce que tu t’assoupisses et plonges dans tes rêves d’Argonaute.