(note du mardi 14 mars 2017)

Ce monde est un asile de fous. À peine l’enfant sort-il de l’état de nourrisson et commence-t-il à interagir que chacun cherche à le détourner de lui-même, chacun désire accaparer son attention, chacun revendique son affection, chacun y voit une page blanche sur laquelle écrire sa propre partition, chacun tente d’imprimer en lui son empreinte (souvent névrotique). Au début, l’enfant, épouvanté, résiste. Puis, quotidiennement lessivé par l’acharnement adulte, il baisse peu à peu les bras et se laisse dévoyer jusqu’à devenir dément à son tour.

« Le monde est hanté de tous ces êtres détournés d’eux-mêmes et trafiqués par d’autres comme des moteurs de voitures volées ! » (Christiane Singer)

Et ceci : la fonction de son père (s’il n’est pas complètement insensé lui aussi) est de protéger l’intégrité de l’enfant, de lui éviter autant que possible toute contamination précoce, de l’aider à se défendre lorsque la santé de son corps ou de son esprit est menacée. Il écarte tout obstacle majeur pouvant entraver son libre cheminement. Il veille à ce que rien de délétère ne vienne contrarier son épanouissement physique, psychique, intellectuel et spirituel et il met à sa disposition les nourritures respectives de ces quatre dimensions de l’être. Son rôle est aussi, après l’avoir accueilli et accompagné à l’entrée dans ce monde, de lui en indiquer les modalités de sortie.