Seul un conditionnement précoce à l’idée que la lecture nécessite un enseignement peut empêcher les enfants de s’emparer du langage écrit comme ils se sont emparés du langage oral.

(Daloborka Milovanovik, Faut-il enseigner la lecture ?, in Grandir Autrement, n°66, octobre 2017)

Les caractères d’imprimerie se fondent dans nos pensées comme un comprimé effervescent dans un verre d’eau.

(Gerard Unger. Pendant la lecture. Éd. B42, 2015. Page 50)


 
Contexte
C’est à l’âge de onze mois que l’extravagant fiston a manifesté son désir d’apprendre à lire, soit bien avant d’articuler son premier mot. Je vous laisse imaginer mon incrédulité. Passé le moment de surprise, j’ai fini par entendre sa demande et lui fournir quelques outils. Depuis, il s’y colle quotidiennement avec une détermination étonnante. Ce que me démontre ce garçon c’est que, pour un enfant, la langue parlée/lue/écrite peut former un tout d’autant plus cohérent qu’on ne la découpe pas artificiellement en tranches ou, pire, en tranches d’âge. Je le vois explorer parole, lecture et écriture de façon simultanée et j’observe comment il s’appuie sur l’un ou l’autre de ces versants du langage pour mieux franchir ou contourner une difficulté sur un autre. Il est possible qu’il soit atypique ou que ses parents le soient (il y a chez l’un et l’autre davantage de livres que d’écrans) mais ce qu’il me renvoie c’est quand même : « Papa, arrête de prendre les enfants pour des imbéciles et de penser que lire et écrire serait plus difficile que parler, puisque c’est la même chose. ».

Préambule

Étape 1 (de sept à onze mois)
Son père s’essaie à la calligraphie.
Son père lit des livres.
Il se familiarise avec l’objet-livre.
Il dispose de ses propres livres.
Lire à onze mois ?

Étape 2 (de onze à dix-huit mois)
Les (deux) premiers mots écrits à son intention.
Les grands mots sur carton rigide.
Script, capitale ou cursive ?
Les chiffres.
Le repérage des lettres dans les mots.
La motricité fine.
Les craies.
Les feutres.
Les pinceaux.

Étape 3 (de dix-huit mois à deux ans et demi)
Sa passion des lettres et des chiffres.
Jeux de mots et conversations calembouresques.
Les lettres « pâles”.
Les lettres mobiles.
Le classeur de lecture (phrases, graphèmes, script/capitale/cursive, typos variées, etc.).
Les normographes.
L’alphabet au mur.
L’alphabet affiché, chanté, récité dans les escaliers, récité par papa les yeux fermés, etc.
Comment sont apparus, par inadvertance, les diacritiques (voyelles accentuées et ç) et ligatures (æ, œ).
Les ratures.
Les tampons.
Les morphèmes, graphèmes et mots mobiles.
La ponctuation.

à suivre…